“L’écoute prolongée de musique avec écouteurs, un facteur de risque de dépression chez l’ado” par le Dr Caroline Demily.
Les révélations de l’enquête Ifop JNA sur les smartphones sont alarmantes. Vous appelez à la vigilance sur les impacts psychologiques. Doit-on s’inquiéter de l’attachement de nos adolescents à leur smartphone ?
Selon le Docteur Caroline Demily, médecin psychiatre spécialiste de la transition enfants/adultes au sein de l’hôpital Le Vinatier à Lyon, il est nécessaire de rester vigilant au mode de consommation de musique en mode « ermite ».
En effet, l’adolescence correspond à une période particulière du passage de l’enfance à l’adulte. Françoise Dolto évoquait le « complexe du homard » pour décrire cette période particulière. « L’enfant se défait de sa carapace, soudain étroite, pour en acquérir une autre. Entre les deux, il est vulnérable, agressif ou replié sur lui-même » indiquait Françoise Dolto.
L’écoute de musique participe à la mue. Elle aide l’adolescent à se confronter à ses états émotionnels, à les partager dans son groupe de copains. Grâce à elle, il part à la connaissance de soi, se confrontant parfois à une tristesse profonde en fonction de ses confrontations sociales et à sa vulnérabilité. Cette mue est parfois difficile et difficilement partageable avec ses parents dont on doit peu à peu se détacher pour devenir adulte.
Les oreillettes offrent un fabuleux outil pour contrôler la relation : être avec ou être sans. Mais pour certains, cela peut constituer un refuge, un prétexte à repli sur soi, à fuir la relation aux autres qui peut faire violence ou qui demande à sortir de sa coquille.
Votre adolescent peut alors se perdre dans les méandres intérieurs l’amenant à développer une mélancolie ou venant à la renforcer.
L’écoute prolongée est aussi facteur de fatigue chronique chez l’adolescent, renforçant la possibilité de symptômes dépressifs.
Que faire alors ?...
Le dialogue constructif permet de mettre des mots sur une éventuelle souffrance qui se cache derrière ce comportement d’écoute. Et si le dialogue est difficile, ne pas hésiter à faire appel momentanément à un professionnel pédopsychiatre ou psychologue.
Les signes visibles sont la baisse des résultats scolaires, une fatigue généralisée, le manque d’appétit, l’envie des « autres » qui décline.
En général, ces symptômes sont passagers mais sont à prendre en considération lorsqu’ils perdurent.