- Février 2021
- Communiqué de presse
- 24ème édition de la campagne Journée Nationale de l’Audition – Jeudi 11 mars 2021
- « Mes oreilles, le secret de ma forme »
Nouvelle enquête baromètre Ifop-JNA « La place de l’audition dans la santé des Français – Impacts COVID-19 »
« L’audition n’est pas un essentiel de santé pour les Français»
Les experts de l’association JNA craignaient un recul de la prise en compte de l’audition dans le suivi santé des Français. L’enquête vient confirmer. Les situationsde télétravail et de formations en distanciel viennent amplifier les difficultés de compréhension de la parole. Le sens de l’audition n’est pas considéré aujourd’hui comme un essentiel de santé. De grandes avancées avaient été réalisées en ce sens et désormais, en raison de la pandémie, le suivi de l’audition est de nouveau relégué après les autres facteurs de santé. Pourtant, les oreilles sont très sollicitées au quotidien et notamment celles des moins de 35 ans. C’est un retour en arrière très négatif en termes de santé publique. Cet effet ‘élastique’ montre ô combien l’approche curative est aujourd’hui anachronique et ô combien, l’approche de l’audition en santé publique a laissé penser que seules les catégories aisées pouvaient accéder aux solutions médicales de compensation des pertes auditives. Ce, malgré la mise en place du 100% santé en audioprothèse depuis le 1 er janvier. Il y a urgence à la mise en place d’une autre politique.
Principaux enseignements :
1) La pratique du télétravail en général, et plus spécifiquement 5 jours sur 5, accélère le vécu de troubles auditifs :
- 23% des télétravailleurs à temps plein utilisent un casque ou des écouteurs minimum 2 heures par jour (vs 12% en moyenne) et 65% indiquent que cette durée d’écoute quotidienne s’est intensifiée avec la crise sanitaire (vs 39% en moyenne)
- Plus d’un tiers des télétravailleurs quotidiens ont déjà ressenti souvent des troubles auditifs suite à l’usage de ces appareils (casque, écouteurs), soit presque le triple de la moyenne
- Conséquence logique de cette surexposition aux nuisances sonores, 25% d’entre eux ont recherché des informations concernant leur audition au cours des 12 derniers mois (vs 14% en moyenne).
De façon rassurante, la grande majorité des télétravailleurs quotidiens (67%) réagit en ayant réalisé ou prévu de réaliser un bilan auditif chez un médecin ORL
2) La crise sanitaire a modifié les préoccupations des Français en matière de santé, le Covid 19 s’imposant comme un enjeu prédominant tant dans le niveau d’informations (82%) que dans le taux d’inquiétude (55%) qu’il suscite.
3) D’autres enjeux de santé, jugés moins dangereux et urgents, ont été relégués au second plan. C’est le cas de l’audition : les Français se sentent cette année à la fois moins informés (44%, - 4 pts) et moins inquiets (33%, -4pts) à propos de la surdité et des acouphènes. Seuls 13% d’entre eux estiment que la crise sanitaire a renforcé leur envie de s’informer sur l’audition.
4) L’écrasante majorité des Français (81%) est d’accord avec l’idée selon laquelle le port du masque complique la compréhension de la parole.
5) Les répondants sont plutôt réactifs en matière de soins auditifs, même si la crise sanitaire a impacté leurs projets de consultations : 41% ont déjà réalisé un bilan auditif complet auprès d’un médecin ORL, et 12% en avaient l’intention mais ont dû reporter leur rendez-vous à cause de la crise sanitaire.
6) Les moins de 35 ans et plus particulièrement les 18 à 24 ans et les 25 à 34 ans sont particulièrement concernés par les problèmes auditifs (au même titre que les télétravailleurs) : gênes de compréhension de la parole dans différents contextes, utilisation des écouteurs, sifflements et bourdonnements etc.
7) Il existe une grande disparité entre les catégories aisées et les catégories modestes. Plus les revenus sont élevés et plus l’audition entre dans le parcours de santé avec consultation de spécialistes.
Synthèse des résultats
L’enjeu de santé lié à la surdité et aux acouphènes reste cette année celui pour lequel les Français se sentent le moins informés.
Le niveau d’informations sur la surdité et les acouphènes conserve sa dernière place du classement des enjeux testés et recule même cette année : 44% des répondants affirment être bien informés sur le sujet, soit une majorité (56%, +4 points) déclarant être mal informée. Comme l’an passé, ce niveau d’informations diffère fortement selon le profil des répondants. Parmi les mieux informés sur la surdité et les acouphènes figurent les seniors : 59% des 65 à 74 ans et 73% des 75 ans et plus, contre seulement 31% des moins de 35 ans ; les catégories aisées (65%) ainsi que les personnes ayant fait des recherches depuis un an sur l’audition (60%).
Toutefois, il est intéressant d’observer que la hiérarchie est quelque peu bouleversée cette année avec la Covid 19. Les trois enjeux sur lesquels les Français se sentent le mieux informés sont désormais la Covid 19 (82%), l’addiction à la cigarette (80%) et à l’alcool (79%). L’omniprésence de la Covid 19 dans les médias a pu reléguer au second plan d’autres enjeux de santé jugés peut-être moins dangereux et urgents. En parallèle, le niveau d’informations sur d’autres enjeux de santé se stabilise voire progresse, notamment sur l’obésité (76%, +2 pts), l’addiction aux drogues parmi lesquelles le cannabis, les drogues dures (72%), les addictions numériques (69%, -1 pt) et les accidents cardiovasculaires (61%, - 1pt). Il recule en revanche légèrement sur les MST et les IST (72%, -3 pts) ainsi que sur la dépression et le suicide (58%, -2 pts). Enfin, testés pour la première fois cette année, les cancers bénéficient d’un bon niveau d’informations pour 65% des répondants (et 80% des 75 ans et plus) et la maladie d’Alzheimer pour 53% d’entre eux (dont 75% des 75 ans et plus).
Faisant l’objet d’un faible niveau d’information, l’enjeu de la surdité et des acouphènes inquiète un tiers des Français.
Dans l’absolu et à l’exception notable du coronavirus, une corrélation inversée continue à être observée entre niveau d’information et niveau d’inquiétude. C’est particulièrement le cas pour l’enjeu de la surdité et des acouphènes qui est celui pour qui le plus grand nombre de Français s’estime mal informés (sur 12 testés) alors qu’il représente dans le même temps le cinquième plus fort motif d’inquiétude. En dynamique, le niveau d’inquiétude pour chacun des enjeux de santé s’inscrit plutôt à la baisse. Cela peut s’expliquer aussi par l’apparition de la Covid 19, qui cristallise et absorbe une grande partie des préoccupations sur le court-terme. Le coronavirus inquiète en effet 55% des répondants, juste derrière les cancers (56%). Plus généralement, si l’inquiétude vis-à-vis de certains enjeux tend à stagner (notamment pour les AVC, l’obésité, la dépression et le suicide), elle diminue pour beaucoup d’entre eux cette année. C’est le cas de la surdité et des acouphènes (33%, -4 pts), risques peut-être perçus moins tangibles dans le contexte sanitaire actuel ; et également, de façon plus surprenante, de tous les types d’addiction : au numérique (20%, -4 pts), à l’alcool (17%, -3 pts), et aux différentes drogues (13%, l’inquiétude pour l’addiction au cannabis et aux drogues dures étant respectivement à 17% et 16% en 2020), alors même que les confinements successifs pouvaient constituer un terrain favorable à l’accélération de la consommation de ces substances. Ajoutées cette année, l’addiction à la cigarette préoccupe 20% des répondants et la maladie d’Alzheimer 44%. Parmi les plus inquiets à propos de leur audition se trouvent cette année les jeunes qui sont aussi les plus mal informés (39% des 18-24 ans) et non les seniors, dont le niveau d’inquiétude s’inscrit dans les mêmes proportions que la moyenne (33% des 75 ans et plus).En revanche, la tendance s’inverse sur des troubles plus dangereux ou mortels. La Covid 19, par exemple, inquiète 47% des 18 à 24 ans contre 69% des 65 à 74 ans et 66% des 75 ans et plus.
Dans le contexte actuel et face à l’inquiétude suscitée par la Covid 19, les Français ressentent moins l’envie ou le besoin de s’informer sur leur audition.
Même si un tiers des Français se déclare inquiet par la surdité et les acouphènes, seuls 14% (-7 pts) ont été dans une démarche active de recherches d’informations ou de conseils à ce sujet dans les 12 derniers mois ce qui confirme le sentiment ressenti par beaucoup d’être mal informé. Comme nous l’avons vu, une part importante des préoccupations des Français gravite depuis un an autour de la Covid 19. Si cela n’empêche pas de rencontrer des troubles auditifs, la situation a pu contribuer à reporter le souhait de connaître leur origine et de les résoudre. A ce sujet, seuls 13% des répondants estiment que la crise sanitaire a renforcé leur envie de s’informer sur l’audition, dont 3% «beaucoup» et 10% «un peu». Ce score s’élève toutefois à 24% des 18-24 ans et 23% de ceux qui télétravaillent tout le temps.
Résultat très intéressant à soulever, les actifs pratiquant le télétravail sont significativement plus nombreux que la moyenne à avoir cherché des conseils concernant leur audition : un quart (25%) de ceux concernés par le télétravail à temps plein, et 20% à temps partiel. Ces chiffres vont dans le sens de l’enquête Ifop pour la JNA réalisée en septembre 2020*, qui révélait que le télétravail accentue les nuisances sonores et les difficultés de compréhension de la parole dans le cadre du travail, notamment lors des échanges en visioconférence ou au téléphone. Ces nouvelles organisations du travail ont donc aussi vu apparaître des troubles auditifs qui n’étaient pas forcément anticipés ou attendus d’où cette recherche d’informations face à un « angle mort », une conséquence indirecte de la crise sanitaire. Enfin, et assez logiquement, les personnes inquiètes pour leur audition ont davantage cherché des informations à ce sujet que la moyenne (26% contre 14%). Pour la minorité ayant recherché des informations, les raisons étaient à la fois informatives et réactives. 41% des répondants concernés souhaitaient en effet connaître et évaluer l’état de leur audition. Toutefois, une part non négligeable d’entre eux avait pour but de contrôler leur audition après l’expérience de troubles auditifs : plus d’un tiers (35%) suite à l’apparition de sifflements ou de bourdonnements dans les oreilles, et 31% suite à des difficultés de compréhension de la parole. Comme l’an passé, le type de canal utilisé combine recherche personnelle et recours à spécialiste. Si la majorité des personnes concernées (59%, +3 pts) a préféré s’informer en passant par un professionnel de santé (médecin généraliste ou spécialiste), près d’une personne sur 2 (48%) a utilisé les outils numériques en effectuant une recherche sur internet (que ce soit via un ordinateur, une tablette ou un smartphone). Enfin, 12% (+2 pts) ont sollicité une personne de leur entourage.
* L’enquête a été menée auprès d’un échantillon de 1064 personnes, représentatif de la population française active occupée âgée de 18 ans et plus. Les interviews ont été réalisées par questionnaire auto-administré en ligne du 11 au 14 septembre 2020.
Les difficultés de compréhension de la parole sont fréquentes, notamment dans les situations quotidiennes et dans le cadre du télétravail.
Entre 19% et 39% des répondants indiquent rencontrer des difficultés de compréhension de la parole dans les différentes situations testées, scores non négligeables même si ces problèmes auditifs sont plus vécus «parfois» que « souvent ». Ces difficultés surviennent particulièrement dans le cadre d’activités quotidiennes : lors d’interactions avec les autres dans la vie quotidienne (39% des répondants dont 30% «parfois»), lors des réunions de télétravail pour les actifs concernés (38% dont 29% «parfois») et lors de conversations au téléphone (37% dont 29% « parfois »). Mais l’espace privé est aussi concerné. Dans les mêmes proportions, plus d’un tiers des répondants (35%) est concernées par des difficultés auditives dans le cadre privé lors de l’écoute de la télévision ou de la radio (dont 25% « parfois ») et dans le cadre familial, lors des repas de famille (dont 26% « parfois »). Même lors des activités de loisirs, beaucoup moins fréquentes cette année et dont le but premier ne réside pas forcément dans le fait d’échanger par le langage contrairement aux autres situations évoquées, 26% témoignent de ce problème (dont 20% « parfois »). Enfin, si 28% des répondants sont gênés pour comprendre la parole lors des conversations avec des proches en vidéoconférence, cette proportion monte à un tiers des personnes concernées par ces échanges numériques (33%, dont 24% « parfois ») ; de même, 19% des actifs ou des lycéens et étudiants le sont lors des enseignements à distance, et 24% si l’on ramène ce pourcentage aux répondants concernés par cette situation (dont 17% « parfois »). Les difficultés auditives sont donc handicapantes dans des contextes variés, même si l’on note des disparités selon les catégories de population. En effet, les 25-34 ans témoignent davantage de problèmes auditifs lors de leurs interactions sociales quotidiennes, là où les 18-24 ans sont plus impactés lors de conversations téléphoniques ou en visioconférence –du fait sûrement de leur utilisation accrue de ces outils de communication.
Enfin, confirmant l’existence d’un enjeu spécifique au télétravail, les télétravailleurs à plein temps sont surreprésentés dans chacun des contextes testés. Ces résultats sont d’autant plus inquiétants que le port du masque sanitaire complique la compréhension de la parole pour la très grande majorité des répondants (81%), dont 26% « beaucoup ». Or cette pratique étant amenée à se poursuivre dans le cadre de la lutte contre l’épidémie de Covid-19, il est possible d’observer à l’avenir une progression des difficultés de compréhension de la parole dans les prochains mois (voire les prochaines années).
Les jeunes générations et les télétravailleurs sont de plus grands utilisateurs de tous les matériels d’écoute testés, et leur durée d’écoute quotidienne avec un casque ou des écouteurs est supérieure à la moyenne.
Pour écouter différents types de sons, la majorité des répondants utilise surtout le haut-parleur de leur téléphone ou d’ordinateur, matériels d’écoute qui ne nécessitent pas d’équipement particulier et qui ne sont pas forcément conçus pour se montrer efficients en matière de protection auditive. Ces matériels sont ainsi respectivement utilisés par 76% et 61% des interviewés(dont 36% et 27% « souvent »). Viennent ensuite une enceinte connectée en Bluetooth et des écouteurs sans réduction de bruit, utilisés par respectivement 49% et 46% des répondants (dont 22% et 21% « souvent »). Enfin, signe d’un travail de pédagogie à poursuivre en matière d’audition, les écouteurs et casques avec réduction de bruit sont les moins utilisés (23% et 21% des répondants déclarent s’en servir, dont 10% «souvent»), des taux moins élevés que les écouteurs et casques sans réduction de bruit(utilisés respectivement par 46% et 29% des interviewés dont 21% et 13% « souvent »).
Dans le détail, les moins de 35 ans, les télétravailleurs (notamment à plein temps) et les Franciliens sont surreprésentés dans l’utilisation de chacun de ces matériels d’écoute, y compris les écouteurs et casque avec réduction de bruit. Cela signifie que s'ils ne se montrent globalement pas moins « prudents », ils sont malgré tout plus exposés au bruit que la moyenne. Plus précisément, la durée d’écoute de ceux qui utilisent un casque ou des écouteurs (c’est-à-dire une écoute de sons pouvant s’effectuer en mobilité) est plutôt sporadique. Plus de la moitié (53%) des personnes concernées en usent moins d’une heure par jour, et 28% entre 1 et 2 heures. A l’inverse et de façon plus marginale, 12% affirment avoir une durée d’écoute qui s’étale entre 2 et 3 heures et 7% entre 4 heures et plus. Sur l’ensemble des répondants, on observe tout de même une écoute quotidienne plus prolongée auprès des 18-24 ans et des télétravailleurs quotidiens, 30% et 23% déclarant respectivement une écoute supérieure ou égale à 2h (vs 12% en moyenne).
De plus, 39% des personnes utilisant un casque ou des écouteurs indiquent que leur durée d’écoute quotidienne a augmenté depuis le début de la crise sanitaire, laquelle a contribué au repli dans un cadre privé et domestique potentiellement bruyant. Ce constat est souligné par la majorité des moins de 35 ans (51%), des cadres (62%), des télétravailleurs à temps plein (65%) et de ceux qui estiment que la crise sanitaire a renforcé leur envie de s’informer sur l’audition (75%).
Les volumes d’écoute de sons avec un casque ou des écouteurs sont particulièrement clivants et génèrent des troubles auditifs pour une part non négligeable de leurs utilisateurs.
S’agissant du volume d'écoute de divers sons, les répondants utilisant un casque ou des écouteurs sont très partagés. 48% déclarent régler le plus souvent le son à un volume inférieur à 50%, dont 11% à un volume inférieur à 25% et 37% entre 26 % et 50%. A l’inverse, et dans une symétrie parfaite, 48% règlent le son à un volume supérieur à 50%, dont 31% entre 51% et 75%, 12% entre 76% et 99%, et 5% au maximum. 4% ne règlent jamais le son de leurs appareils.
Parmi les plus « raisonnables » dans leur écoute, les hommes (52%), les cadres (56%) et les 35 ans et plus (54%) règlent le son à moins de 50%. C’est aussi le cas de la majorité des personnes qui se sentent bien informées sur la surdité et les acouphènes (53%), contre 46% de ceux qui se jugent mal informés. En revanche, les plus jeunes (qui sont moins informés sur les enjeux de santé liés à l’audition) sont davantage tentés par un volume sonore élevé. 30% des 15-17 ans règlent le son de leur casque ou écouteurs à un volume supérieur à 75%, contre 17% en moyenne. Cette tendance se retrouve également auprès des foyers avec enfants (23%), potentiellement plus exposés aux nuisances sonores. Constat plus inquiétant, 39% des utilisateurs de casque ou d’écouteurs affirment avoir déjà ressenti des troubles auditifs suite à l’usage de ces appareils. 3% «très souvent», 10% «souvent» et 26% «parfois». Plus précisément, parmi ceux qui témoignent avoir souffert de ces troubles « souvent » figure là encore une plus forte proportion de moins de 35 ans (20%), de télétravailleurs à temps plein (35%) et de Franciliens (20%).
De manière rassurante, la majorité des répondants accepterait des aides auditives en cas de problèmes d’audition avérés.
En cas de problèmes d’audition confirmés par le médecin ORL, l’écrasante majorité (85%) des répondants accepteraiTde porter des aides auditives, dont 25% «certainement» et 60% «probablement». 15%, en revanche, ne l’accepteraient pas, dont 10% « probablement pas » et 5% « certainement pas ». Ce résultat est plutôt homogène selon les catégories de population avec toutefois quelques variations. Ainsi, les moins de 35 ans, les télétravailleurs ainsi que les catégories les plus pauvres et celles qui n’ont pas entendu parler du dispositif « 100% santé » seraient moins enclins à accepter d’être appareillés (entre 20 et 25% d’entre eux refuseraient). Parmi cette minorité qui refuserait, la raison principale est le coût des aides auditives (« C’est trop cher »), cité par 21% des personnes concernées. Fait intéressant, 16% ne sont pas en mesure d’expliquer leur refus, signe encourageant que celui-ci n’est pas forcément motivé et que ces personnes pourraient éventuellement changer d’avis si on leur présentait une argumentation fournie et détaillée. Par ailleurs, entre 9% et 12% des répondants citent l’inconfort causé par les aides auditives, leur impact sur le regard des autres (vieillissement, aspect esthétique, dévalorisation) et le caractère « naturel » des gênes auditives. Enfin, seuls 5% mentionnent des défauts de fonctionnement et 6% une autre raison.
Une majorité de Français s’est déjà rendue chez un médecin ORL ou en a l’intention pour faire un bilan complet de son audition.
41% des Français ont réalisé dans l’absolu un bilan complet de leur audition (contre 51% en 2020), dont 18% il y a moins de 5 ans et 23% il y a plus de 5 ans. Cependant, 12% des répondants avaient l’intention de se rendre chez un médecin ORL mais ont dû reporter leur rendez-vous suite à la crise sanitaire. La majorité des Français (53%) a donc envisagé de réaliser (de manière effective ou planifiée) un bilan de leur audition, et 47% ne l’ont jamais fait et n’en ont pas l’intention. Parmi les personnes surreprésentées dans la réalisation (effective ou programmée) d’un bilan auditif, on retrouve logiquement comme les années précédentes les seniors (64% des 65 à 74 ans et 59% des 75 ans et plus) ; mais également les télétravailleurs à temps plein (67%), les Franciliens (61%) ainsi que la quasi-totalité des personnes ayant effectué une recherche d’informations dans les 12 derniers mois (92% !). Les personnes les plus exposées aux nuisances sonores sont donc celles qui réagissent activement à la situation en contactant un professionnel de santé. Lesjeunes ne sont pas en reste puisque 51% des 18-24 ans ont également fait ou le projet de faire un bilan auditif.
Fait intéressant à notifier toutefois, le fait d’échanger avec un médecin ORL n’est pas le premier réflexe en cas de ressenti d’une gêne auditive (momentanée ou régulière). En effet, s’ils étaient confrontés à cette situation, 46% des Français en parleraient en priorité à leur médecin traitant, professionnel de santé de confiance et de proximité. Dans une moindre mesure, 19% évoqueraient cette gêne auditive avec un médecin ORL et 17% avec leurs proches (conjoint, parents, amis). De façon plus marginale, 4% en parleraient à un audioprothésiste, 3% des actifs à la médecine du travail, et 1% à leur pharmacien. Les autres acteurs, plus spécifiques(médecine scolaire pour les étudiants ou lycéens, association dans le domaine de l’audition ou autre acteur) ne sont pas mentionnés. Des disparités existent dans le recours à ces différents acteurs. Ainsi, là où les 35 à 65 ans et les catégories modestes se tourneraient davantage vers leur médecin traitant, les plus de 65 ans et les catégories aisées, mieux au fait de ces enjeux, s’adresseraient plus que la moyenne à un médecin ORL. Enfin, signe inquiétant par rapport au défaut d’expertise qui en découle, les plus jeunes privilégieraient les relations sociales et familiales plutôt que professionnelles.
La moitié des Français a entendu parler du nouveau dispositif de remboursement des prothèses auditives.
Interrogés sur le remboursement des aides auditives dans le cadre du dispositif « 100% santé », 51% des répondants affirment en avoir entendu parler, contre 49% pour qui ce n’est pas le cas. Parmi les personnes les plus informées à ce sujet se trouvent les 35 ans et plus (59%), les retraités (72%), les catégories aisées (65%) et ceux ayant effectué une recherche d’informations sur leur audition l’année écoulée (64%). Un important travail de communication reste donc à faire pour étendre la notoriété de ce dispositif auprès de toutes les populations, et en particulier les jeunes et les catégories pauvres pourtant concernés par ces problèmes auditifs et inquiets du coût des aides auditives.