A l’origine de la JNA, il y a 23 ans, les experts bénévoles de l’association se donnaient pour objectif de « sortir l’audition de l’oubli ». A l’entrée de cette nouvelle décennie, la visée est que chacun intègre l’audition parmi les déterminants de sa santé et de sa qualité de vie. C’est par cette reconnaissance qu’il sera possible d’optimiser son état général de santé et c’est par elle également que les pouvoirs publics agiront pour augmenter le niveau général de santé de l’ensemble de la population. Le jeudi 12 mars 2020, lors la 23 e édition de la campagne JNA, près de 3 000 acteurs de la santé mobilisés localement vont œuvrer en ce sens, convaincus que le tableau noir de l’audition peut être évité. Nous avons tous la possibilité d’agir ! Il est urgent.
1) Intégrer l’audition à son suivi santé
Outre la perte naturelle de l’audition avec l’avancée en âge, qui est naturellement à prendre en charge, la dose de stress acoustique est également à considérer. Elle est le produit de la durée de l’ensemble des expositions sonores sur la journée, de la puissance et de l’absence de temps de récupération auditive. Ce sont donc non seulement les effets auditifs mais AUSSI les effets extra-auditifs qui sont à prendre en compte. Ces derniers contribuent à la fatigue, à l’irritabilité, aux maux de tête etc.
2) Modifier son rapport au bruit
L’omniprésence du bruit est un facteur pathogène. La pollution sonore pourrait être réduite si chacun prenait conscience de ses propres productions sonores dans la ville, à l’école, en milieu de travail etc. Il est également possible d’agir sur les émissions sonores issues des matériels et de créer des espaces écologiques pour l’oreille. Les gains seraient alors nombreux : santé, cognitifs, sécurité… Cela questionne les effets addictifs du bruit et du son au sein de la société. Le bruit participe au sentiment illusoire de dynamisme, « l’effet speed ». Et bien entendu dans les milieux professionnels où le niveau sonore dépasse 80 dB, faire du protecteur individuel contre le bruit son ami santé. Stop aux acouphènes, stop aux surdités accidentelles, stop aux effets extra-auditifs.
3) Modifier ses comportements d’écoute de sons
Trop longues, trop puissantes, les pratiques d’écoute de son sont sources de risques imminents d’acouphènes et autres troubles de l’audition. Par ailleurs, la qualité des sources sonores - travaillées pour rendre l’oreille paresseuse - questionne également au-delà de leur simple caractère pathogène sur les cellules sensorielles de l’oreille ou les fibres du nerf auditif, la charge mentale à gérer
4) Développer son « acuité auditive »
L’ouïe est un sens au service du développement cognitif de la vie fœtale à la fin de vie. Plus ce sens est affiné et plus il devient source pour décupler ses potentiels en affinant les 3 fonctions clés de l’audition : l’alerte, la communication, les émotions.
Cette ressource est intéressante pour intégrer aisément les apprentissages mais pour optimiser les apports des aides auditives lorsqu’elles sont nécessaires. En effet, le cerveau a la possibilité d’aller chercher les informations sonores mémorisées, « la mémoire auditive » pour potentialiser le décodage des informations sonores.
5) Motiver les pouvoirs publics à reconnaître l’audition parmi les déterminants de santé
A ce jour, le suivi de l’audition est réalisé au travers d’une approche « bobologie » : si les otites séreuses sont régulières, si une difficulté de compréhension survient et si la presbyacousie s’installe. Il est marqué par des décennies d’une politique orientée « curative » et « handicap ». Or, il serait nécessaire de l’intégrer comme un biomarqueur à suivre. Un changement de paradigme est nécessaire.