En l’absence ou en présence de stress psychologique, l’anxiété peut créer des sentiments envahissants de peur, d’inquiétude et de crainte. Lorsque l’anxiété devient excessive, elle peut être classifiée sous la dénomination de « troubles de l’anxiété ». Nous ressentons tous une anxiété face aux incertitudes de la vie. Nous avons peur de tomber malade, de perdre des êtres chers, de vivre seul.e, de ne pas être aimé. Cette émotion est normale tant qu’elle permet de jouer un rôle dans notre capacité à nous adapter aux événements. Toutefois, l’étude réalisée par l’équipe du Pr. Franck Lin a mis en exergue que l’anxiété était plus forte chez les personnes ayant perdu en capacités auditives et n’ayant pas mis en place de solutions de maintien de la fonction audition. Ainsi, les troubles de l’audition non traités pourraient aussi être l’une des causes de l’anxiété. Comment ?
Un lien existe entre perte auditive non traitée et anxiété(
Cette étude réalisée auprès de 800 patients montre en effet les écarts entre des sujets presbyacousiques appareillés et des sujets non appareillés.
Il s’agit là de la première étude qui a mis en exergue l’importance de traiter la perte auditive afin de réduire les risques psychologiques tels que l’anxiété, la dépression, la paranoïa.
Ces premiers apports se sont vus confortés par une étude française réalisée en 2016 par le Dr. Hélène Amiéva, chercheuse à l’Inserm à Bordeaux.
L’audition, l’un des leviers pour vaincre l’anxiété
Si l’on considère les 3 fonctions clés de l’audition, l’on comprend mieux comment agir sur l’anxiété. Au quotidien, nos oreilles servent à nous alerter, à communiquer et contribuent à développer nos émotions. Et parmi ces 3 fonctions, l’une d’entre-elle est directement rattachée à nos instincts de vie : l’alerte. Si nous pouvons fermer les yeux, nos oreilles quant à elles sont constamment en action. Elles analysent en permanence l’environnement sonore pour nous signifier un éventuel danger. Aussi, la moindre gêne auditive, le moindre trouble auditif vient enrayer la capacité à s’assurer de vivre dans un espace non dangereux.
Dès lors, il est aisé de comprendre qu’un sentiment d’insécurité surgisse et que son degré puisse dépendre de celui de la perte auditive. Il s’agit là d’un élément fondamental pour comprendre l’anxiété chez les sujets âgés. Le sentiment de peur peut devenir pathogène et fragiliser psychologiquement et physiquement l’individu. Par peur de l’environnement extérieur, le sujet va restreindre son périmètre à l’espace vécu comme sécurisé et sécurisant. Les déplacements vont se réduire. Les capacités de mobilité avec.
En complément, les échanges sociaux vont eux aussi diminuer et le sujet va s’isoler. La stimulation cognitive est alors affectée.
Prise en charge des individus anxieux : penser à l’audition
Il est donc important de penser à réaliser un bilan complet de l’audition chez le médecin spécialiste, le médecin ORL.
Même si la vigilance sanitaire est plus à orienter sur la population des plus de cinquante ans en raison du phénomène naturel de presbyacousie (perte naturelle des capacités auditives avec l’avancée en âge), elle doit être élargie à toute personne déclarant un sentiment d’anxiété et des difficultés de compréhension de la parole au cours de son quotidien.
Cela peut permettre d’éviter une prise en charge médicamenteuse sous forme de prescription d’anxiolytiques, qui ne traiterait alors pas la cause de l’anxiété. Celle liée à la perte de l’audition non repérée et non prise en charge.
Encore 2 personnes sur 3 n’ont jamais réalisé de bilan complet de l’audition en France. L’audition fait partie des insignifiants du schéma de santé. Et pourtant ce sens fait partie des 5 sens essentiels à l’équilibre de santé et de vie.
(1) “Does Hearing Loss Increase your Risk of Falling ?”, http://hearingcareblog.com/2012/03/08/986/ Lin F, Ferrucci L “Hearing loss and falls among older adults in the United States” Arch Intern Med 2012; 172: 369-371.Viljanen A, Kaprio J, PyykkoÏ, et al. “Hearing as a predictor of falls and postural balance in older female twins”. J Gerontol A Biol Sci Med Sci. 2009; 64(2):312-317 )